Lorsqu’il est bien organisé, le volontariat en Afrique, Asie, Amérique latine ou ailleurs est plébiscité par les projets d’accueil et peut favoriser le développement de la citoyenneté mondiale. Malheureusement, cette envie partagée par beaucoup d’individus de s’impliquer activement sur place induit aussi des effets pervers et des dérives et certains projets finissent même par nuire au pays d’action. À ce sujet, le volontariat en orphelinat est l’un des points les plus problématiques, mais bonne nouvelle : la lutte contre ce problème commence à enregistrer ses premiers succès ! Frank Seidel, le fondateur de guidisto-volontariat.fr, rapporte ici l’action du groupe de pression international qui lutte contre cette dérive.
Aujourd’hui dans certains pays en voie de développement, les orphelinats sont malheureusement devenus un véritable modèle économique plutôt que des structures ayant à cœur le bien être des enfants. Selon les estimations de l’UNICEF et d’autres ONG internationales, environ 80 % des pensionnaires dans ces établissements auraient au moins un parent en vie. Ces pseudo-orphelins ont en fait été séparés de leur famille à qui l’on a fait de fausses promesses pour remplir les bancs de ces institutions, et par là même les poches des propriétaires. En plus des dons directs, de la vente d’artisanat ou des frais engendrés par l’adoption, les frais de participation et les dons de bénévoles au départ bien intentionnés sont également une source de profit pour ces pseudo-orphelinats.
Dès le départ, notre volonté avec guidisto-volontariat.fr était de proposer une plateforme pour promouvoir le volontariat utile et responsable. Nous avons ainsi été les premiers, et sommes à notre connaissance encore le seul portail sur le volontariat au monde, à exclure catégoriquement tous les projets de volontariat en orphelinat.
Notre engagement a été reconnu en 2015 par le réseau Better Volunteering Better Care, qui nous a convié à collaborer avec des ONG internationales telles que Save the Children, Friends International ou encore Lumos (la fondation de l’auteure de Harry Potter JK Rowling) pour tenter de trouver une solution à ce problème.
Le World Travel Market (WTM), plus gros salon international des professionnels du tourisme, était cette année l’occasion pour les membres du réseau de se réunir afin de lancer une campagne européenne pour lutter contre le modèle économique orphelinat et d’impliquer par la même occasion le secteur du volontariat, dont la part de responsabilité dans ce problème ne doit pas être niée.
L’Australie est actuellement pionnière dans ce domaine, avec son projet de loi initié par ReThink Orphanages, qui a pour but de rendre condamnable toutes les formes de voyages organisés en orphelinat, que ceux-ci soient à l’initiative de paroisses, d’institutions éducatives ou encore d’organismes de volontariat, et qui apparente cette pratique à de l’esclavage moderne.
Le Kenya a suspendu au début du mois l’enregistrement de tout nouvel établissement de ce type et cette semaine, une deuxième grande organisation de volontariat a déclaré vouloir retirer tous ses projets en orphelinats.
Les débats organisés autour de la thématique des orphelinats et de l’esclavage moderne dans le tourisme ont été bien suivis au WTM. Cependant, le peu de visibilité accordé à la scène consacrée au tourisme responsable (située en retrait dans le salon) laisse penser qu’il y a encore un long chemin à parcourir avant de convaincre toutes les parties prenantes de l’importance du problème.